La chaire Alter-Gouvernance a remis le prix du même nom lors de la 12ème conférence internationale de gouvernance organisée à Nantes les 2 et 3 mai 2013.
Ce prix vise à récompenser et mettre en avant une contribution académique originale qui étudie des formes et dispositifs de gouvernance susceptibles d’enrichir la compréhension de la gouvernance des entreprises.
Cette année, le prix a été remis à Séverine LE LOARNE – LEMAIRE (Grenoble Ecole de Management), Christine NOEL (Audencia), Sandrine STERVINOU (Audencia) et Raphaël PASQUALINI (Aix Marseille) pour l’article suivant : Vertus et dangers du mode de gouvernance des SCOP à partir de la critique de Simone Weil.
Résumé de l’article
L’enjeu de cet article est d’interroger les liens existants entre la structure juridique d’une organisation de l’économie sociale et solidaire, la SCOP (Société Coopérative et Participative ; ex-Société Coopérative Ouvrière de Production), et le mode d’organisation du travail qu’elle peut favoriser à partir de la philosophie de Simone Weil et de sa critique de l’organisation du travail. Certains voient en effet dans l’économie sociale et solidaire une sorte d’Eldorado organisationnel, dans lequel les salariés pourraient devenir acteurs de leur travail et espérer atteindre une forme d’épanouissement professionnel. Ces espoirs semblent légitimes au regard de la définition même de l’économie sociale et solidaire qui ambitionne de placer la personne humaine au centre du développement économique et social. Les coopératives constituent ainsi un modèle alternatif de gouvernance et d’organisation du travail qui devrait permettre de développer un management centré sur la dimension sociale de l’entreprise tout en visant à atteindre des objectifs économiques classiques. En garantissant la sécurisation de l’emploi grâce au contrôle de la stratégie de l’entreprise par les salariés et non par des parties prenantes externes, comme des fonds de pension, le recours à la forme coopérative est présenté a priori comme un moyen d’éviter les délocalisations ou les fermetures de l’activité pour cause de rentabilité trop faible. Au-delà de ces motivations « sécuritaires », des recherches récentes sur les coopératives mettent en évidence une attente de bien-être au travail de la part des salariés (Becuwe et Le Loarne, 2012). Pourtant, ces attentes sont-elles réalistes ? Cet article tend à montrer que la SCOP ne constitue pas en soi un instrument garantissant la démocratie organisationnelle et l’épanouissement de l’homme au travail.
Mots clés : Economie sociale et solidaire, Weil, organisation du travail, coopérative, gouvernance