La gouvernance des entreprises est une question qui traverse régulièrement l’actualité politique et médiatique. D’abord centrés sur les grandes entreprises cotées, les enjeux en matière de “bonne gouvernance” ont peu à peu glissé vers d’autres types d’entreprises. Le principal risque pour les coopératives agricoles est de se voir imposer des concepts et des pratiques en opposition frontale avec leurs racines et leurs identités.
Les coopératives agricoles doivent défendre un modèle de gouvernance capable d’accompagner de manière efficace et démocratique les évolutions du monde agricole.
Le référentiel pour une gouvernance stratégique des coopératives agricoles que nous proposons aux acteurs du monde agricole articule de manière inédite la gouvernance aux enjeux stratégiques auxquels sont confrontées les coopératives. Il constitue un outil de réflexion et de réforme pour les acteurs qui souhaitent donner toutes les chances de réussite à leurs coopératives dans un contexte de compétition accrue.
La gouvernance correspond à l’ensemble des institutions, des règles et des pratiques qui encadrent le pouvoir de décision du dirigeant et organisent les relations avec les sociétaires. Trois pouvoirs sont en interactions et doivent être encadrés afin de garantir un fonctionnement approprié : le pouvoir souverain, le pouvoir exécutif et le pouvoir de surveillance.
Le pouvoir souverain consiste à assurer le maintien de la coopérative dans le temps et à légitimer le pouvoir de surveillance des administrateurs. Le pouvoir souverain des adhérents d’une coopérative agricole s’exprime de deux manières complémentaires : représentative et participative.
Le pouvoir de surveillance consiste à vérifier que les conditions sont réunies pour que l’équipe dirigeante puisse développer un projet stratégique créateur de valeur conforme à la vocation et la mission de la coopérative. Le pouvoir de surveillance se trouve au carrefour de l’expression du pouvoir souverain et du pouvoir exécutif.
Le pouvoir exécutif consiste à implémenter des stratégies de création de valeur en lien avec la vocation et la mission de la coopérative. Pour mener à bien cette tâche fondamentale, le dirigeant et son équipe doivent bénéficier d’une indispensable autonomie.
La gouvernance d’une coopérative agricole est un chantier permanent qui par définition n’est jamais achevé. Les équilibres sont précaires et demandent une attention constante. Les 61 recommandations que nous proposons concernent les six principaux chantiers auxquels sont confrontées les coopératives agricoles.
Les chantiers 1 et 2 sont directement reliés au pouvoir souverain et aux adhérents. Il n’y a pas de gouvernance équilibrée sans un pouvoir souverain impliqué et mobilisé. Les propositions émises visent à dynamiser ce pouvoir.
Les chantiers 3, 4 et 5 sont centrés sur le pouvoir de surveillance et les administrateurs. Il n’y a pas de pouvoir de surveillance effective sans administrateurs compétents et organisés.
Le chantier 6 est axé sur les salariés et le capital humain des coopératives agricoles. Il vise à mobiliser ces derniers autour du projet stratégique porté par le pouvoir exécutif. L’évolution des coopératives agricoles et les enjeux auxquels elles sont confrontées font jouer un rôle important aux salariés.